Yves Halfon

Psychologue, formateur en hypnose

 

Pourquoi conserver le terme « hypnose » pour expliquer une approche médicale qui permet de soulager la douleur, de réduire l'anxiété autour d'un soin au patient vécu par lui comme anxiogène, insupportable ? L'hypnose entre dans le cadre de la communication thérapeutique. Le soignant ne se prend pas pour un hypnotiseur de music-hall qui fait faire n'importe quoi à un sujet, lequel, en son for intérieur, accepte d'être le complice naïf de ce jeu. Le soignant se doit d’aider le patient qui perd tout contrôle sur lui-même, sur son corps ; l’hypnose est un savoir, une pratique qui devient un outil à privilégier dans la communication thérapeutique avec le patient

On peut définir aujourd'hui l'hypnose comme l'étude et l'utilisation d'états de conscience tout à fait habituels chez l'homme. Quelques exemples :

contextes naturels positifs ou neutres : des états de concentration, d'attention maximale à des moments de rêveries, en passant par la relaxation ;

• contextes anxiogènes et/ou traumatiques : certaines situations de stress à des situations dramatiques ;

• contextes médicaux : la consultation médicale ; certains examens douloureux, le soin dentaire, le temps de l'ordonnance ; le temps de la manipulation de son corps, dans les soins infirmiers et autres ; le temps d'une injection, etc. ;

- états de conscience naturels que l'on peut provoquer par des procédés de communication avec l'accord du patient ; c'est l'art du thérapeute pour focaliser l'attention du sujet et le basculer dans un monde figuratif, pour travailler par exemple la diminution de la douleur, la diminution du stress, l’acceptation d’un soin, la gestion de l’angoisse, en soins palliatifs.

L'hypnose renvoie à un mode de fonctionnement de la conscience tout à fait habituel chez l'homme, aussi important que la conscience attentive à la réalité. C'est un moment de rêverie ou un moment de grande concentration où la conscience est perméable à ses propres représentations chargées d'émotions ou perméables aux suggestions, discours, écrits des autres.

Cet état de rêverie, de flou, ou d'hyperconcentration réduit l'impossibilité de passer au crible de la logique, du raisonnement ce que l'on reçoit.

Cet état de perméabilité peut être utilisé pour son bien, son équilibre, sa santé. Cependant, malheureusement, dans bien des cas, cet état hypnotique nous renvoie vers nos angoisses, nos douleurs. Le seul remède, c'est de se rééduquer et d'utiliser à bon escient ce mode de fonctionnement de la conscience.

C’est aussi un état de grande flexibilité mentale qui permet de remplacer une sensation par une autre, une émotion par une autre, une humeur par une autre et finalement un comportement par un autre. Dans un soin, dans la gestion d'une anesthésie, dans la gestion d'un acte chirurgical, ce sera au soignant de montrer le chemin de la quiétude et de l'apaisement des tensions.

Le processus hypnotique en médecine est précis : fixer l'attention du patient, soit en partant de ses préoccupations, soit en légitimant ses perceptions sensorielles immédiates, soit tout simplement en lui proposant de fixer son attention sur un objet quelconque et ensuite de le diriger vers un état de conscience dissocié de la réalité (un peu présent, surtout ailleurs) pour enfin réduire son anxiété, sa douleur, avec des suggestions appropriées.

« Une telle adaptation exige que l’on accepte et que l’on utilise les états psychologiques, les croyances et les attitudes que chaque patient amène avec lui […]. L’acceptation et l’utilisation de ces facteurs favorisent l’induction plus rapide de la transe, le développement d’états de transe plus profonds, une meilleure acceptation de la thérapie, et une plus grande souplesse dans la prise en compte de la situation thérapeutique globale. » Erickson

Les travaux, entre autres de Faymonville, montrent la capacité de la personne à réduire l'intensité de la douleur, tant dans la perception de la nociception que dans la résonance émotionnelle.

Tout soignant, quelle que soit sa pratique, peut utiliser l'hypnose si l'objectif est de réduire la douleur et l'angoisse développées par le patient quand celui-ci appréhende ou vit un acte médical.