Françoise Dault
Cadre neurophysiologie
J’ai suivi pendant deux ans une formation à l’hypnose thérapeutique (ou hypnose médicale) à l’Institut Milton H. Erickson de Normandie (IMHEN).
Les patients qui viennent pour la première fois dans l’unité de prise en charge des troubles du sommeil et de la vigilance sont reçus en consultation par un médecin spécialisé. En fonction du diagnostic, celui-ci peut m’en adresser certains pour des séances d’hypnose.
Bien sûr, le patient est libre de choisir s’il souhaite ou non bénéficier de ces séances. Il est important qu’un climat de confiance s’installe entre le patient et le thérapeute, car c’est le patient qui possède en lui les « clés », le thérapeute n’est qu’un guide. Les patients qui consultent pour des troubles du sommeil viennent souvent après avoir « tout essayé » ou presque… Devant leurs craintes (l’hypnose peut faire peur !) ou leurs doutes, je leur dit que je ne suis pas la marraine de Cendrillon ou un hypnotiseur de spectacle (« Dormez ! Je le veux ! »), que je ne ferai rien qui pourrait leur nuire : ni leur faire faire le canard (ou autre aberration de ce type) ni leur faire dire des choses qu’ils n’auraient pas envie d’exprimer. La confiance, c’est primordial, et le patient a toujours le choix de poursuivre les séances ou de les arrêter.
L’hypnose est intégrée, reconnue et utilisée au sein de cette unité du sommeil depuis plus de quinze ans. Le chef de service, toujours en poste, et le cadre de santé qui m’a précédée ont été des précurseurs dans l’établissement pour promouvoir et intégrer l’acupuncture et l’hypnose dans la prise en charge des troubles du sommeil.
En tant que référent douleur, j’ai souhaité aussi rendre plus « confortables » certains examens pratiqués en neurophysiologie tels que les potentiels évoqués (PE) – examens qui consistent à explorer le système nerveux central – et les électromyogrammes (EMG). Le personnel est très sensibilisé à la prise en charge de la douleur. Trois IDE sont déjà formées à l’hypnose conversationnelle (dispensée dans notre établissement/IMHEN) et d’autres souhaitent suivre cette formation.
Si l’hypnose peine à trouver sa place lors des EMG (MEOPA utilisé uniquement pour les enfants), ces trois IDE ont su toutefois, avec créativité, s’approprier cet outil et réinvestir leurs connaissances en fonction des situations rencontrées et dans diverses activités. Elles témoignent :
• « Pour le bon déroulement d’un potentiel évoqué, les patients doivent être très détendus. L’accompagnement par l’hypnose permet à la fois d’obtenir une réponse graphique de meilleure qualité et un vécu moins douloureux pour le patient. » Isabelle Lièvre-Dumont
• « J’ai pratiqué l’hypnose conversationnelle lors de la réfection d’un pansement de tête effectuée par une collègue (électrodes implantées en vue d’une intervention chirurgicale/ épilepsie). Pendant la désinfection sur des zones sensibles, j’ai pu “faire partir le patient ailleurs” et permettre ainsi le bon déroulement de ce soin pourtant douloureux en temps normal. » Julie Dente
• « Après ma formation à l’hypnose conversationnelle, j’ai mis en pratique cette technique lors d’un électroencéphalogramme (EEG) chez un enfant de trois ans, très perturbé de devoir dormir dans la salle d’examen (lieu inconnu) sans la présence de ses parents. Cet enfant passionné de voitures rouges est parti dans un monde automobile, a créé son garage à plusieurs étages, l’a rempli de voitures rouges et, au fil du temps, s’est apaisé. Son débit verbal s’est ralenti et il s’est endormi. A son réveil, il m’a dit avec un grand sourire : “J’ai dormi comme mes voitures au garage !” » Carole Affagard
Ces soignantes sont unanimes : l’hypnose thérapeutique rend plus sereins le patient et le soignant, garantissant ainsi une meilleure prise en charge dans un climat plus confortable pour tous.